Au fil de ses activités avec les mineurs et de ses collaborations avec d’autres organisations œuvrant dans le même domaine, l’organisme Dans la Rue a fait différents constats. En 2005, ces constats ont amené Sylvain Flamand, directeur de l’intervention à Dans la rue, à élaborer le projet de recherche-action intitulé Rejoindre les mineurs en fugue : une responsabilité commune en protection de l’enfance.
À la lumière de ces constats, ce projet d’une durée de trois ans, soit du 1er avril 2008 au 31 mars 2011, vise quatre objectifs principaux.
Lorsque des jeunes en situation de fugue se retrouvent en dehors des circuits habituels, sans faire appel aux organisations pouvant les soutenir, les stratégies de survie auxquelles ils ont recours deviennent intimement liées à la criminalité (petits larcins et actes criminels, vente de stupéfiants, prostitution). Ainsi, à travers un processus de va-et-vient entre la recherche compréhensive et les groupes d’acteurs, ce projet de recherche-action vise à identifier les pistes à partir desquelles les organismes communautaires, les centres jeunesse et les services de police peuvent ensemble développer des pratiques d’intervention permettant de mieux accompagner les jeunes qui se retrouvent en rupture des dispositifs de protection qui leur sont adressés.
Outre la prévention des risques liés à la rue et aux activités dites criminelles pouvant marquer l’expérience de la fugue, ce projet s’intéresse également à la manière dont les différentes méthodes d’intervention actuelles répondent aux réalités vécues par les mineurs en fugue. Ces pratiques accordent-elles plus d’importance à la protection qu’au développement? Comment faciliter le retour de jeunes en situation de fugue vers un milieu favorisant la réalisation de soi? Est-ce qu’à trop vouloir les protéger on finit par restreindre leur développement?
Ce projet de recherche-action s’est déroulé dans quatre villes du Québec : Drummondville, Montréal, Québec et Trois-Rivières. Cette façon de faire respecte non seulement les dynamiques de mouvement des jeunes en situation de fugue, mais en plus favorise la mobilisation des groupes d’acteurs. Si la réalité veut que les jeunes circulent d’une ville à l’autre, il va sans dire que les intervenants doivent aussi franchir les frontières de leur propre milieu pour offrir une certaine constance sur le parcours de ces jeunes. En mettant en action des groupes d’acteurs de quatre villes différentes, nous expérimentons les possibilités et les limites de la création de réseaux pouvant s’adapter aux différentes réalités vécues par les jeunes en fugue.
Le jeune fugueur, citoyen d’un monde en voie de développement, va déranger, alerter, solliciter, réveiller : il oblige à rajeunir, il oblige à renaître. Cette leçon aux aînés est constructive et optimiste, mais elle est dure pour tous : elle soulève le problème universel de l’autorité, ce chemin parcouru ensemble dans la conviction de ce que l’être vieillissant peut encore, toujours, créer de nouveau (Messerschmitt, 1987).
L’atteinte des objectifs visés par le projet s’appuie sur le déploiement de trois composantes qui se supportent et s’alimentent entre elles.